« Les quatre amants d’Hélène Gomez » (P. Picasso).
H
Hélène
princesse grecque, héroïne de l’Iliade, célèbre par sa grande beauté. Elle était si belle que sur son passage, les roses rouges des jardins de Troie pleuraient de rage leurs pétales de sang. Hélène s’en souciait peu. Petite et porcelaine, elle ondulait pieds nus sur le marbre blanc, les seins pointillant sous la soie trouble, le cul ferme et décidé, posant sur l’Achéen le regard sacrilège de ses yeux éméchés. Les hommes d’acier parfois laissaient la guerre pour fondre au feu terrible de son sourire à bouche offerte où se lisait estompée l’inoubliable promesse des plus vibrants paroxysmes.
Hélène était la fille de Léda et de Zeus. Ce dernier, dont la moralité n'aurait pas résisté à une fouille à la frontière turque, eut recours au plus odieux des stratagèmes pour séduire Léda.
La sachant coutumière de siestes ombrées au bord du lac Thermolactos, il n’hésita pas à se transformer en cygne pour aller trompeter de joie près de la belle assoupie qui, connement ornithophile comme la plupart des jeunes filles qui ne se sont pas encore fait fienter sur la robe de bal en flirtant sous les platanes de Cavaillon, commença sans malice à lui lisser le col. De cette idylle contre-nature, Léda, outre Hélène, eut trois autres enfants, Clytemnestre, future femme d’Aga bien qu’elle n’eut pas le même nom, et les impayables duettistes Castor et Pollux, dont la mise sur orbite a formé la Constellation des Gémeaux.
Quand Léda comprit de quelle bassesse elle avait été victime, elle entra dans une colère olympique, lapida le cygne à mort, et se le servit confit, entouré de pommes sarladaises revenues dans de la graisse de cygne et garnies de champignons de Paris.
Cependant, Hélène s’épanouissait à l’ombre des oliviers. Frêle enfant au rire frais comme un ruisseau d’été, elle sautillait gaiement derrière les papillons blancs, cheveux au vent et feu au cul. Un jour qu’elle s’effleurait alanguie au pied d’un cyprès, elle vit passer sur un cheval blanc un très joli roi charmant qui, champêtre et luxurieux comme on peut l’être au printemps, mis pied à terre pour contempler un peu cette fée naturelle aux yeux mi-clos qui semblait jouer d’une harpe invisible au creux de ses blondeurs secrètes. « Bonjour, belle Hélène, je suis Ménélas, et vous trouve émouvante. »
Elle savait qu’il avait fondé Sparte et qu’il était monté comme un âne. Elle lui donna son cœur, ses fesses, trois enfants et l’occasion de caracoler fièrement devant Troie à quelques temps de là. Offenbach et ses deux librettistes, qui furent les trois plus grands humoristes du second Empire, vous raconteraient cela mieux que moi.
Sainte Hélène (280-330) fut la mère de l’empereur Constantin, celui qui voyait des croix partout et auquel les papes d’aujourd'hui doivent encore de pouvoir déconner au balcon sans risquer de finir aux lions. Avant de faire sainte, cette Hélène-là concubinait notoirement avec Constance Chlore. On voit par là combien les mœurs au sein de l’Église ont évolué dans le bon sens. De nos jours, une salope désireuse de se faire béatifier devra désormais brûler bien des cierges et fumer maints archevêques.
Les Hélène sont généralement fières, hardies, dures au chagrin mais fragiles au fond, pimpantes, égales d’humeur, indispensables. Celles qui sont nées sous le signe des gémeaux connaîtront un grand amour avec moi, mais pas maintenant, il faut que j'attaque la page des 'I'.